Chère amie, cher ami, 

Le combat contre les pesticides tueurs d’abeilles vient de franchir un nouveau palier. Le 5 février 2021, un arrêté a entériné le retour des néonicotinoïdes en France pour la culture de betterave sucrière. 7 organisations, dont POLLINIS, ont déposé des recours devant les Tribunaux administratifs pour empêcher ce dangereux recul. 

Sept mois de bras de fer contre les lobbys. Depuis l’annonce du retour possible des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles en France pendant l’été 2020, notre association a été vent debout pour contrer la propagande des lobbys du sucre, donner la parole aux agriculteurs et agronomes qui prônent des solutions alternatives, et dénoncer les irrégularités suspectes dans la procédure suivie par l’État. Nous avons alerté les médias, organisé des campagnes de mobilisation citoyenne auprès des députés et des sénateurs, et manifesté sur l’esplanade des Invalides aux côtés de nombreux autres défenseurs de l’environnement. Malgré ces pressions, une brèche a été ouverte dans la loi d’interdiction des néonicotinoïdes, obtenue après 5 années de travail acharné et de mobilisation. 

Manifestation sur l’esplanade des Invalides

Flagrant déni de démocratie. Une consultation publique a été publiée début janvier sur le site du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation afin de sonder les citoyens sur la réintroduction des néonicotinoïdes. Notre association a une nouvelle fois fait entendre ses arguments contre la dérogation et plusieurs milliers de sympathisants ont répondu à notre appel en bombardant le site de leurs commentaires. Résultat : 85 % des participants se sont positionnés contre la dérogation. Un véritable succès ! En réponse, les pouvoirs publics ont tout simplement décidé d’ignorer leur propre initiative : 11 jours seulement après la fin de la consultation, la réintroduction des tueurs d’abeilles rejetée par l’immense majorité des contributeurs était autorisée.

POLLINIS saisit la justice pour annuler l’arrêté. Aux côtés de 6 associations, POLLINIS a engagé 4 recours devant les tribunaux administratifs de Toulouse et de Lyon où siègent respectivement Syngenta et Bayer qui produisent les produits toxiques concernés par la dérogation. Chaque recours est accompagné d'une procédure en urgence, appelée référé-suspension, afin de faire immédiatement barrage au retour des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Prochain rendez-vous le 15 mars pour l’audience au Tribunal administratif de Toulouse où nous exposerons nos arguments en faveur des pollinisateurs et du vivant. 

Les écosystèmes en danger. Alors que plus de 75 % des insectes ailés ont disparu en moins de 30 ans et que plus de la moitié des espèces d'abeilles sauvages sont en déclin dans les pays européens étudiés, l’indispensable protection des insectes pollinisateurs doit primer sur les intérêts à court terme de quelques industries. Il est inadmissible que nos responsables politiques ferment délibérément les yeux sur les conséquences dramatiques que font encourir les substances neurotoxiques sur la motricité, la fécondité et le développement des abeilles, sur la survie des pollinisateurs et sur l’ensemble des écosystèmes ! Réintroduire des insecticides tueurs d’abeilles est d’autant plus insensé qu’ils aggraveront la fragilité des écosystèmes sans même résoudre la crise que traverse la filière betteravière...

Les abeilles, maillon essentiel de la biodiversité

Renforcer l’évaluation des pesticides. Tant que les tests abeilles, qui permettent d’évaluer la dangerosité des pesticides pour les abeilles et les écosystèmes au niveau européen, ne seront pas musclés et actualisés, des produits tout aussi toxiques que les néonicotinoïdes continueront d’être homologués et utilisés dans les champs. L’affaire du sulfoxaflor, un insecticide systémique autorisé malgré les réticences des autorités sanitaires, en est l’exemple le plus récent. Il y a urgence à prendre le mal à la racine ! Notre équipe bataille depuis longtemps déjà auprès des autorités européennes et nationales à ce sujet. Au mois de février, POLLINIS a adressé une lettre ouverte et collective à la Commission européenne pour que les nouvelles procédures d’homologation identifient et écartent définitivement du marché les pesticides responsables de l’extinction des pollinisateurs. 

Merci à toutes les personnes qui se mobilisent à nos côtés et soutiennent nos actions pour protéger les abeilles et la biodiversité !

Bien cordialement,

L'équipe POLLINIS

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