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Pesticides / Néonicotinoïdes

Retour des néonicotinoïdes : participation à la consultation publique

POLLINIS a participé à la consultation publique sur le projet d’arrêté ré-autorisant l’emploi de néonicotinoïdes. L'association encourage ses sympathisants à faire de même, rappelant que cette dérogation d’urgence n’est pas justifiée et que les mesures d’atténuation n’auront qu’un effet négligeable sur les pollinisateurs et la biodiversité.

Date : 21 janvier 2021

La consultation publique sur la dérogation d’urgence permettant aux betteraviers de déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes est ouverte jusqu’au 25 janvier. POLLINIS a envoyé ses commentaires (voir ci-contre) sur ce projet d’arrêté qui autorisera au titre de la campagne 2021, pour une durée de 120 jours, l’emploi de semences de betteraves sucrières « traitées avec un produit phytopharmaceutique contenant la substance active imidaclopride ou thiamethoxam », deux tueurs d’abeilles notoire interdits en France et en Europe.

Les citoyens peuvent également ajouter leurs voix à cette consultation et exprimer leur désaccord avec ces dérogations qui constituent une grave régression pour l’environnement.

Cliquez ici pour accéder à la consultation sur le site du ministère de l’Agriculture.

Attention : le site est probablement doté d’un algorithme qui reconnaît les copier/coller et les élimine. Pour participer, il vaut mieux donc utiliser ses propres mots. Néanmoins, POLLINIS liste ici des arguments solides qui peuvent aider à formuler un commentaire :

→ Les pollinisateurs sauvages, qui se nourrissent de végétaux et dont beaucoup nichent dans les sols (70 % des abeilles sauvages), vont être particulièrement exposés aux néonicotinoïdes, même en l’absence d’une culture mellifère lors des rotations suivantes.

  • La pollinisation assurée par les insectes pollinisateurs est nécessaire à la reproduction de 75 % des espèces cultivées. Alors que 80 % de la biomasse des insectes volants a disparu d’Europe en moins de trente ans, la sauvegarde de ces insectes essentiels à la souveraineté alimentaire doit être une priorité absolue.
  • Le développement de l’agriculture biologique et la sortie des pesticides de synthèse sont indispensables pour leur assurer un environnement sain.
  • Répandre des néonicotinoïdes sur plus de 400 000 hectares de surfaces plantées en betterave va contaminer durablement les sols, les eaux, et l’ensemble de l’environnement avec ces molécules, affectant les lieux de vie et les sources d’alimentation de ces insectes. C’est une grave menace pour les pollinisateurs domestiques et sauvages, et une mise en péril de notre sécurité alimentaire.

→ Aucune mesure d’atténuation des risques ne permet de préserver les pollinisateurs des néonicotinoïdes étant donné la persistance et la rémanence de ces molécules, et leur diffusion dans l’environnement.

  • Une étude menée en France par le CNRS et l’INRAE entre 2014 et 2018 a montré que l’imidaclopride se diffuse à grande échelle dans l’environnement et contamine également les cultures plantées en dehors du voisinage immédiat ou plusieurs années après l’application de l’insecticide.

→ Il est impossible de circonscrire et d’atténuer les risques que représentent les néonicotinoïdes. Les néonicotinoïdes menacent l’ensemble de la chaîne alimentaire, des vers de terre aux oiseaux . Ils mettent en danger le fonctionnement et la résilience des écosystèmes.

  • En enrobage de semence, seuls 1,6 à 20 % de la matière active est réellement absorbée par la plante, et plus de 80 % se répand dans l’environnement.
  • La contamination des milieux par les néonicotinoïdes n’a pas seulement un impact dramatique sur les abeilles et les pollinisateurs. Ces substances « à large spectre » ciblent tous les arthropodes sans distinction, y compris ceux bénéfiques aux cultures…
  • Les effets létaux et sublétaux de ces substances ont été mis en évidence par des études scientifiques sur un grand nombre de micro-organismes, d’invertébrés et de vertébrés terrestres et aquatiques.

→ Des solutions économiques (réorientation des aides à l’agriculture, mise en place d’assurance mutualisée en cas de mauvaise récolte…) et agronomiques existent pour éviter de recourir aux néonicotinoïdes, et offrent déjà des alternatives reconnues.

  • Dans un bilan réalisé en 2017, l’Anses avait identifié des alternatives chimiques et non chimiques suffisamment efficaces et opérationnelles pour une majorité des usages.
  • Les principes de la lutte intégrée (IPM en anglais) contre les ravageurs sont également disponibles, comme la diversification des cultures et l’allongement des rotations, et le décalage des dates de semis.
  • Les approches agroécologiques pour rétablir la biodiversité (arrêt de la monoculture, restauration du bocage, etc.) permettent une meilleure régulation des ravageurs tels que les pucerons en ramenant leurs prédateurs naturels dans leurs environnements. Il existe donc des moyens raisonnables autres que les néonicotinoïdes pour maîtriser la présence de pucerons vecteurs de la jaunisse.

→ L’usage de néonicotinoïdes en enrobage de semence est une démarche de traitement préventif systématique et non une démarche curative, ce qui va à l’encontre du plan Écophyto et de la Directive européenne 2009/128/CE qui prévoit que les pesticides ne doivent être utilisés qu’en tout dernier recours. Et ce uniquement en cas d’attaque avérée et après avoir tenté une combinaison de mesures (biologiques, biotechnologiques, physiques, culturales…), et en limitant toujours l’usage au strict nécessaire.

  • Traiter de manière préventive, dans l’hypothèse qu’une prolifération de pucerons advienne, contrevient à ces principes.

→ Contaminer des centaines de milliers d’hectares avec des pesticides neurotoxiques et persistants pour tenter de sauver une filière qui connaît une crise structurelle est une mesure absurde et une mise en danger de la souveraineté alimentaire.

  • Dérégulation du marché et sécheresses répétées sont les causes réelles des difficultés du secteur sucre. Depuis 3 ans, la filière fait face à des problèmes structurels liés à la fin des quotas et à la concurrence du sucre mondial.

→ Contaminer des centaines de milliers d’hectares avec des néonicotinoïdes, pesticides neurotoxiques et persistants, n’est pas une réponse au changement climatique en cours.

  • Alors que les épisodes de sécheresse sont amenés à être plus fréquents, tout comme la prolifération d’espèces nuisibles induite par le réchauffement, il est urgent de mettre en place un plan de transition agricole, sur un modèle agroécologique durable et résilient, avec des solutions agronomiques adaptées et des cultures adéquates, pour préserver les ressources en eau, la santé des sols et des auxiliaires. La solution chimique de court-terme est un désastre et une aberration.

 

Cliquez ici pour accéder à la consultation sur le site du ministère de l’Agriculture.

DATE LIMITE : 25 janvier 2021

 

SUIVEZ NOTRE COMBAT CONTRE L’USAGE DES NÉONICOTINOÏDES